Le secteur de l’aide à domicile un acteur incontournable de prévention de la santé, de préservation du lien social et du bien-être de la population !
L’urgence d’un réinvestissement dans le secteur de l’aide à domicile !
Certains secteurs ont une visibilité médiatique inversement proportionnelle à leur utilité sociale. C’est le cas du secteur de l’aide à domicile. Les professionnels ont pourtant mené et mènent encore un travail essentiel en vue d’amoindrir l’impact suite aux différentes crises successives. Il est pertinent d’expliquer la réalité dans laquelle les prestataires de terrain de l’aide à domicile effectuent aujourd’hui leurs interventions essentielles pour beaucoup de nos concitoyens.
D’une part, l’évolution de la société avec le vieillissement de la population, l’accroissement des fragilités sociales, l’augmentation des maladies chroniques, l’isolement social, … qui intensifient de façon significative les besoins en matière d’aide à domicile. Ces besoins sont à ce stade difficilement rencontrés vu notamment les difficultés de recrutement dans le secteur mais également les modes de subventionnement inadaptés qui ne permettent pas de renforcer l’offre de service. Ces éléments engendrent le développement d’activités parallèles avec des statuts précaires et non qualifiés (exemple : travail au noir, etc.).
D’autre part, différentes évolutions concernant la première ligne d’aide et de soins sont en cours et suscitent quelques inquiétudes quant à la possibilité de répondre aux besoins identifiés : l’hospitalisation à domicile, la territorialisation, la digitalisation du secteur, l’évolution du paysage institutionnel. Dans ce contexte, le secteur se questionne légitimement sur la capacité du politique de réaliser les investissements nécessaires permettant de garantir une offre adaptée et suffisante répondant aux besoins de la population, et ce, dans un contexte de difficulté financière de certaines régions.
Nous ne pourrons pas tolérer le déploiement d’autres dispositifs liés à une « déprofessionnalisation » et à une « déqualification » de travailleurs afin de répondre aux besoins de la population (flexi jobs, ubérisation du secteur, plateformes collaboratives, etc.).
Au vu des enjeux majeurs quant à l’évolution de l’accompagnement à domicile, les représentants des employeurs et des prestataires du secteur ont décidé de parler d’une seule voix. En effet, il est indispensable d’avoir, au sein des services structurés et agréés dans le secteur non-marchand, des professionnels qualifiés en suffisance dans chaque catégorie de métiers, financés à hauteurs de leurs couts et de leur impact sociétal. Les gouvernements concernés doivent prendre la mesure de l’urgence d’un réinvestissement dans l’aide à domicile. Des mesures concrètes doivent être prises pour augmenter l’attractivité du secteur, renforcer et valoriser la formation y menant, faciliter l’organisation du travail et garantir l’accessibilité financière de l’ensemble des bénéficiaires. Si les ministres de tutelle veulent vraiment se donner les moyens d’atteindre ces objectifs, le préalable est de renforcer davantage la concertation tripartite sur les enjeux du secteur.
Les partenaires sociaux sont demandeurs de travailler avec les ministres fonctionnels sur trois axes :
- Le premier de ces axes consiste à se donner les moyens de disposer en suffisance de professionnels qualifiés sur la durée. Un plan d’actions doit être mis en place en intégrant différents éléments : le renforcement de la formation (de base et continue), les passerelles entre métiers, la validation des compétences ou des acquis de l’expérience et la réduction des freins à l’accès au métier de l’aide dont l’obligation d’avoir un véhicule et un permis de conduire. A l’instar d’accords du non-marchand historiques, à plus long terme, il faudrait un accord du non-marchand ambitieux pour garantir l’évolution de l’attractivité et de la tenabilité des métiers.
- Le second porte sur l’accessibilité financière : il est impératif de revoir la grille barémique déterminant la quote-part financière des bénéficiaires en tenant compte des indexations.
- Le dernier axe concerne la nécessité de financer tous les métiers à hauteur de leurs coûts et d’augmenter l’offre de service auprès de la population : le modèle actuel du contingent est à revoir en instaurant une norme de croissance.
Il parait essentiel de reconnaitre le secteur de l’aide à domicile comme un acteur incontournable de prévention de la santé, de préservation du lien social et du bien-être de la population !
La vision paritaire qui a inspiré la rédaction de cette carte blanche a été relayée sous la forme d’un document plus exhaustif à l’attention des différents partis démocratiques. Dans les mois qui viennent, les institutions et les travailleuses et travailleurs du secteur pourront juger s’il existe une volonté politique de se hisser à hauteur des enjeux du secteur de l’aide à domicile et de ses bénéficiaires !
Signatures :
CODEF | Rose-Marie Arredondas, Directrice à la CODEF |
FASD | Gael Verzele, Directeur général de la FASD
Fabian Genard, Directeur Aide à la vie journalière |
FCSD | Deborah Dewulf, Directrice générale à la FCSD |
FEDOM | Olivia Raskin, Secrétaire générale à la FEDOM |
FSB | Dikra Charradi, Directrice à la FSB |
CNE | Stéphanie Paermentier, Secrétaire nationale Non Marchand à la CNE |
CGSLB | Eric Dubois, Responsable sectoriel Non Marchand CGSLB |
FGTB HORVAL | Gaelle Cranenbrouck, porte-parole FGTB Horval |
SETCa | Nathalie Lionnet, Secrétaire fédérale Non Marchand au SETCa |